Un modèle explicatif des troubles de la personnalité 


La Thérapie des Schémas s’intéresse aux problématiques dites chroniques qui trouvent leur origine dans l’enfance et l’adolescence. Elle permet d’identifier ses Besoins de base non comblés en tant qu’enfant et d’y répondre de manière plus adaptée. Par Imagerie, en expérimentant le lien entre son histoire passée et la situation actuelle qui réactive le Schéma. Le patient sera encouragé à développer son Adulte Sain en changeant et en assouplissant Ses schémas inadaptés, en ayant une prise de conscience de ses stratégies d’adaptation précoces et les modes inadaptés qu’il subit encore. Le Thérapeute accompagne le patient à percevoir différemment le monde et à changer ses comportements au plus près de ses Valeurs et de ses Besoins d’Adulte actuel. 


Description des schémas

Les schémas sont des croyances profondes sur nous-même et le monde, acquises dans l’enfance, associant de manière inconsciente pensées, souvenirs, émotions et sensations physiques. Ils peuvent être adaptés ou inadaptés. Dans le cadre de la thérapie des schémas, nous nous intéresserons principalement aux schémas précoces inadaptés.


Selon YOUNG, les schémas précoces inadaptés sont :

Des thèmes importants et envahissants Constitués de souvenirs, d’émotions, de pensées et de sensations corporelles Constitués au cours de l’enfance/adolescence suite à des expériences nocives, de carence ou d’abus régulièrement répétées 

-Des représentations de soi et de ses relations aux autres basées sur notre environnement d’enfant 

-Enrichis tout au long de notre vie. 

-Dysfonctionnels : nous les perpétuons dans nos interactions sociales avec des perceptions qui ne sont plus exactes, ni adaptées 

-Dimensionnels : ils peuvent avoir différents niveaux d’envahissement et de gravité.


Lorsqu’on fait l’expérience, en tant qu’Adulte, de l’activation d’un de nos schémas, on vit une expérience émotionnelle semblable à ce qu’on a vécu lors de son élaboration. Il est ici question de continuité cognitive, de vision stable de soi-même et du monde, même si celle-ci est en fait imprécise ou erronée. 


Domaine Séparation/rejet

Lorsqu’on a des schémas de ce domaine, on peine à former des liens sûrs et satisfaisants avec autrui. On pense que nos besoins de stabilité, de sécurité, d’attention, d’amour et d’appartenance ne seront jamais totalement comblés. 

Nos familles d’origine sont généralement instables (Abandon/Instabilité), maltraitantes (Méfiance/Abus), froides (Manque affectif), font vivre un sentiment de rejet (Imperfection/Honte) ou coupées du monde extérieur (Isolement social).

Adultes, on multiplie les relations autodestructrices et évite les relations trop intimes. 


Abandon/Rejet 

Les personnes importantes de notre entourage ne continueront pas à nous donner appui, lien relationnel, force ou protection parce que :

Elles sont émotionnellement instables et changeantes, peu fiables ou pas toujours présentes. Elles mourront bientôt. Elles nous abandonneront pour quelqu’un de « mieux »

Méfiance/Abus 

On s’attend toujours à ce que les autres nous fassent souffrir, nous maltraitent, nous humilient, nous mentent, trichent ou profitent de nous.

On se sent constamment défavorisé par rapport aux autres ou « tiré à la courte paille ».

Carence affective 

Les autres ne nous donnent pas le soutien affectif dont nous avons besoin :

Manque d’apports affectifs : absence d’attention, d’affection, de chaleur ou de relations amicales

Manque d’empathie : absence de quelqu’un de compréhensif qui écoute

Manque de protection : absence de quelqu’un de fort qui guide et conseille

Imperfection/Honte 

On se juge imparfait, mauvais, inférieur ou incapable. Se montrer tel qu’on est entraînerait la honte, si ce n’est la perte de ses proches. Cette honte peut résulter d’imperfections internes (égoïsme, colère, désirs sexuels inacceptables…) ou externes (défaut physique, gêne sociale…).

Cela inclut aussi : l’hypersensibilité aux critiques, au rejet et aux réprimandes. 

La comparaison aux autres est généralement gênante car on manque de confiance en soi. 

Domaine Manque d’autonomie et de performance

L’autonomie fait référence à notre capacité à se distancer de notre famille et à fonctionner de façon indépendante, comme le font les gens du même âge que nous.

Lorsqu’on était enfant, nos parents faisaient tout à notre place et/ou nous surprotégeaient. A l’autre extrême, ils s’occupaient à peine de nous.

Une fois adulte, on a du mal à se forger une identité propre et vivre notre vie. On ne se sent pas capable de se fixer des objectifs personnels et de maîtriser les habiletés nécessaires.


Dépendance/Incompétence 

On se croit incapable de faire face aux responsabilités journalières sans l’aide d’autrui. On dit souvent : « Je suis incapable de… ». 

On est souvent décrit comme passif et/ou manquant cruellement d’initiative.

Peur du danger/Peur de la maladie 

On craint qu’une catastrophe survienne sans qu’on puisse y faire face :

Santé : crise cardiaque, sida

Emotions : perdre la raison, perdre le contrôle

Catastrophe naturelle ou phobie : ascenseurs, crimes, avions, tremblements de terre

Fusion/Personnalité atrophiée 

On a un très fort attachement émotionnel à une ou plusieurs personnes (souvent nos parents). 

On a très souvent la croyance de ne pas pouvoir survivre ou être heureux sans l’autre. 

A l’inverse, on peut avoir le sentiment d’être étouffé, de faire fusion par autrui. On peut alors douter de soi-même et de sa propre identité. On a le sentiment d’être vide, sans but personnel.

Echec  

On est persuadé d’échouer, maintenant ou plus tard. On se pense incapable de réussir aussi bien que les autres. Souvent, on se juge stupide, inapte, sans talent, ignorant, inférieur aux autres… 

Manque de limites

Lorsqu’on a des schémas dans ce domaine, on manque de réciprocité et d’autocontrôle. On  peine alors à respecter les règles ou droits d’autrui, à coopérer, à tenir nos engagements ou à se fixer/atteindre des objectifs à long terme. 

Nos parents, le plus souvent fragiles ou trop indulgents, n’ont pu imposer une discipline ou s’estiment supérieurs aux autres. 

Souvent considéré égoïste, gâté, irresponsable ou narcissique, il nous est difficile de contenir nos impulsions et différer une satisfaction immédiate au profit d’un bénéfice à long terme.


Droits personnels exagérés

« Tout m’est dû » On se sent supérieur aux autres. De ce fait, cela nous exonère de certaines lois et nous donne des privilèges. On estime pouvoir faire ou obtenir ce qu’on veut, sans toujours considérer ce qu’il en coûte aux autres.

On a souvent tendance à imposer notre force ou notre point de vue, voire à manipuler les autres à notre avantage. Particulièrement exigeant, si ce n’est dominateur, on manque généralement d’empathie.

Contrôle de soi et autodiscipline insuffisants 

Les problèmes sont :

L’incapacité ou le refus d’un autocontrôle suffisant

L’intolérance ou le refus de la frustration dans l’accomplissement d’objectifs personnels 

On a du mal à modérer l’expression de nos émotions et impulsions. 

Dans sa forme atténuée, on évite à tout prix ce qui nous semble pénible (souffrance, conflit, confrontation, responsabilité, effort personnel important…).

Orientation vers les autres

Lorsqu’on a des schémas de ce domaine, on accorde une importance excessive aux besoins d’autrui, le plus souvent au détriment des nôtres, dans le but d’obtenir leur approbation, de maintenir un lien affectif, d’éviter des représailles ou un abandon. On a peu conscience de nos propres émotions et envies personnelles.

Enfant, nous n’avions pas la liberté de suivre nos tendances naturelles. L’acceptation conditionnelle était généralement de mise. Pour se sentir aimé de nos parents, ou obtenir leur approbation, nous devions ignorer, cacher ou réduire considérablement nos besoins personnels.

En tant qu’adulte, on ne ressent pas de contrôle interne, lié à notre boussole émotionnelle ou à des valeurs personnelles, mais un contrôle externe lié à ce qu’on imagine être le désir des autres. 

Assujettissement  On se soumet excessivement aux autres pour éviter colère, représailles ou abandon. 


2 formes majeures :

Assujettissement des besoins : suppression de nos propres désirs et préférences

Assujettissement des émotions : suppression de nos propres réponses émotionnelles (notamment la colère)

Nos émotions et besoins sont perçus comme n’ayant ni importance ni valeur. On se montre docile, s’empressant de faire plaisir avec le fréquent sentiment de se « faire avoir ». Notre colère, toujours refoulée, s’exprime à travers des comportements passifs-agressifs, des explosions de colère incontrôlées, des manifestations psychosomatiques ou un retrait affectif.


Abnégation  


On tient à combler les besoins d’autrui au détriment des nôtres. On agit ainsi pour leur épargner de la douleur, éviter de se sentir égoïste, augmenter notre estime ou maintenir un lien affectif avec ceux qu’on perçoit comme nécessiteux. 

Ce schéma résulte souvent d’une hypersensibilité aux souffrances des autres. On peut éprouver le sentiment que ses propres besoins ne sont jamais satisfaits et développer un ressentiment envers ceux dont on s’occupe.


Recherche d’approbation ou de reconnaissance


On a un besoin excessif d’attention, d’estime et d’approbation de la part des autres, au détriment du développement d’une personnalité forte et authentique. Notre estime se forme plus à partir des réactions des autres qu’à partir d’opinions et de valeurs personnelles. On accorde souvent une grande importance au style de vie, aux apparences, à l’argent, à la concurrence ou à la réussite (être le meilleur ou le plus populaire) pour obtenir attention, admiration ou approbation.

On est généralement hypersensible au rejet ou envieux de ceux qui ont mieux réussi.


Hypervigilance et inhibition 


On réprime l’expression spontanée de nos sentiments (contrôle exagéré des réactions et émotions) et impulsions (règles personnelles rigides concernant la conduite à tenir et la performance) souvent aux dépens d’autres aspects de la vie (plaisirs, loisirs, amis ou santé). 

Notre enfance était retenue et stricte. 

Le contrôle de soi l’emportait sur la spontanéité et le plaisir. On était peu encouragé à jouer et à rechercher le bonheur. On a appris à être hypervigilant aux évènements négatifs de la vie car tout peut s’écrouler si on ne se montre pas vigilant et attentif. 

Pour nos parents, travail, devoir, perfectionnisme, obéissance, dissimulation des émotions et évitement des erreurs sont des considérations plus importantes que le bonheur, la joie et la détente. 


Négativité/Pessimisme 


On se centre sur les aspects négatif de la vie (douleur, mort, perte, déception, conflit, trahison, culpabilité, ressentiment, problèmes non-résolus, possibles erreurs…) en minimisant les aspects positifs, car « tout pourrait tourner au pire ». 

On redoute les erreurs et leurs conséquences (ruine, humiliation, perte, situation désagréable) qui nous rendent fréquemment anxieux, soucieux, pessimiste, mécontent et indécis.


Surcontrôle émotionnel 


On exerce un contrôle excessif sur nos réactions spontanées pour éviter la perte du contrôle de nos impulsions ou la désapprobation d’autrui. 

Les secteurs les plus concernés sont :

Inhibition de la colère et de l’agressivité

Contrôle des impulsions positives (joie, affection, excitation sexuelle, amusement…)

Difficulté à reconnaître ses faiblesses ou à exprimer facilement ses sentiments ou besoins

On nous décrit comme ennuyeux, triste, distant ou froid.


Exigences élevées/critiques excessives 


On a la conviction de devoir atteindre et maintenir la perfection, habituellement pour éviter la désapprobation ou la honte. Cette exigence amène à une constante tension et à une critique permanente de soi-même et des autres. 

On souffre d’importantes altérations dans les secteurs de la santé, de l’estime de soi, des relations interpersonnelles, du plaisir et de la détente. 


Ce schéma se manifeste typiquement par :

Du perfectionnisme : on a besoin de « bien » faire les choses et on attache une importance excessive aux détails

Des règles rigides : on doit faire son devoir, dans de nombreux domaines (morale, culture, religion)

Une préoccupation constante du temps et de l’efficacité : on doit toujours faire plus et mieux.


Punition 

On a tendance à se montrer impatient, critique, intolérant et à « punir » autrui comme soi-même s’il n’atteint pas le niveau de perfection qu’on exige. Il nous est difficile de pardonner les erreurs, de prendre en compte les circonstances atténuantes, de se montrer empathique et flexible ou d’admettre un autre point de vue.

Origine des schémas  

Les expériences nocives de l’enfance sont à l’origine des schémas précoces inadaptés. Ceux qui se développent le plus tôt et qui sont les plus forts trouvent généralement leur origine dans la dynamique familiale car celle-ci correspond, pour l’enfant, à celle du vaste monde. 


4 expériences concourent à la constitution des schémas précoces inadaptés : 

Frustration des besoins 

Traumatisation ou victimisation (violences physiques, psychologiques et/ou sexuelles, négligences physiques et/ou affectives)

Excès de satisfaction des besoins

Excès de protection et intrusion : enfant, nous n’avons pas pu faire nos propres expériences et tirer bénéfices de nos erreurs car nos proches nous ont trop couvé et/ou avaient l’habitude de « tout faire à notre place » 

Excès d’autonomie et de liberté : lorsqu’il n’y a pas de tuteur ou de soutien, la tolérance à la frustration et le sens des limites interpersonnelles ne se développent parfois pas suffisamment

Internalisation ou identification sélective : les figures parentales sont tout pour l’enfant qui ne connaît que ces modèles. On peut s’approprier les pensées, expériences, émotions et comportements de toute figure parentale. On adopte alors (le plus souvent inconsciemment) certains aspects comportementaux, cognitifs et émotionnels des personnes qui nous entourent. Le tempérament détermine en partie la façon dont on va procéder à l’identification et à l’internalisation des caractéristiques d’un proche


Elles correspondent à différentes manières de ne pas satisfaire les 5 besoins affectifs fondamentaux :

Sécurité liée à l’attachement aux autres

Autonomie, compétence et sens de l’identité

Liberté d’exprimer ses besoins et ses émotions

Spontanéité et jeu

Limites et autocontrôle

La thérapie des schémas nous aide à trouver des moyens adaptés pour satisfaire ces besoins universels.


Le tempérament, génétiquement déterminé, influence l’origine du schéma ainsi que ses stratégies adaptatives. Les enfants d’une même fratrie, élevés dans le même environnement affectif, matériel et événementiel, réagissent différemment aux conditions de vie en fonction de leur tempérament. Un enfant « émotif et nerveux » réagira plus souvent par la contre-attaque, alors qu’un enfant « tranquille » réagira plus facilement par la soumission ou l’évitement. Inversement, la place dans la fratrie et la distribution des « rôles » entre frères et sœurs influent beaucoup sur le vécu et les comportements d’un enfant.


Activation des schémas 

Des stimuli extérieurs peuvent réactiver les schémas : informations sensorielles (visuelles, auditives, gustatives…), relationnelles (critiques, signes d’affection, autorité…) ou des stimuli intérieurs (sensation, émotions, cognitions/pensées, souvenirs…). Lorsqu’un individu rencontre des stimuli ressemblant à un événement infantile qui a conduit à l’élaboration d’un schéma, les émotions et sensations physiques associées à cet événement sont automatiquement activés par l’amygdale. Cette activation persistera pratiquement tout au long de notre vie, plus ou moins intensément. 


(Images issues du cours de Dr Bernard Pascal, Psychiatre et Psychothérapeute,Traducteur de Young).